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La Compagne
12 août 2011

Pensées du 07.08.11

Je regarde le ramier posé sur la frêle branche du saule. Il se balance au gré du vent,léger.Je m'imagine oiseau, la douceur de la caresse du vent dans mes plûmes, la fine branche à laquelle je m'accroche, l'équilibre, funambule de la liberté. Je rêve de l'instant où je vais déployer mes ailes et m'envoler, m'évader de mon humaine condition.

 

J'ai fait un rêve étrange cette nuit. Je me retrouvais à table avec ma mère et sa mémoire défaillante, mon père, tel que je l'ai vu la dernière fois, il y a douze ans maintenant, un ami, un étranger à la famille, une personne qui ignore tout de notre histoire. Je demandais à ma mère d'être moins agressive auprès de cet ami. Lui expliquant que nous savions que ce n'était pas son intention mais que c'était tout de même ce qu'elle émettait. Mon père tentait alors de se faire plaindre, "avoir une épouse pareille", réinventant l'histoire tel qu'il en a l'habitude. Je voyais l'ami penché du côté de mon père, lui offrir un regard compatissant. Je voulais redonner de l'équilibre, supportant mal le mensonge et son injustice, mais je ne voulais pas expliquer, raconter encore notre histoire comme je pouvais le faire à une époque pensant tout résoudre avec les mots. J'étais retenu de tout déballer parce que je ne voulais pas devenir la victimes de ces deux là aux yeux de cet ami, car ce n'était pas juste non plus, en tout cas ce n'est pas ainsi que je me sentais.

 

L'autre soir en revenant de Chartres, j'ai laissé conduire mon compagnon, j'étais si fatiguée par tout ça. Son Cancer du poumon, ma mère à l'hôpital ... Je regardais défiler le paysage, j'ai vu une biche au loin, dans les champs, c'est la deuxième que je vois en une semaine. J'ai vu des lièvres aussi.Comme si la nature m'offrait son spectacle ou décidait d'ignorer ma présence peut être. Moi qui ne croit pas en dieu, je n'ai pu m'empêcher de penser "merci".Parce que c'était beau, cette vie qui s'offrait à mon regard, c'était comme un baume sur mes angoisses de mort.

 

Hier, mon compagnon voulait emmener tout le monde à Montoire, au cimetierre, là ou sont ses parents, ses oncles, etc. Surtout pour répondre à la question que notre petite fille de quatre ans "et demi", se pose ces derniers temps "il est ou mon papi mort ?". il pleuvait, c'était un jour à cimetierre. Lui, notre fille, son autre fille de 16 ans, regardaient les tombes, lui, expliquant, la petite aquiesçant, la grande accompagnant. Moi, un peu à l'écart, spectatrice d'une histoire qui n'est pas la mienne, mais la leur. Notre petite sereine, posant ses questions d'enfant. C'est beau la simplicité de l'enfance.

Un peu plus tard je fait la remarque à mon compagnon que plusieurs tombes ont de petites pancartes indiquant que la concession arrive à expiration. Une de nos discussions depuis son cancer : " tu veux être incinérer ?" "l'idéal pour moi serait d'être enterré au cimetierre de mes parents mais il n'y a plus de place"... Et moi, je lui fait remarquer que si, il y en a. Il me dit "oui, tu me mettras là, juste derrière mon père". Puis il rit en me disant que nous avons de fort joyeuses conversations.

 

C'est étrange je n'étais pas triste à l'envisager. Je n'éprouvais rien en fait. J'ai de plus en plus souvent une séparation entre les mots et les émotions. C'est un état de choc que j'ai déjà connu. Les mots d'un côté, l'émotion de l'autre, avec une sorte d'incapacité à les réunir. En Ecrivant cela, j'ai envie de vomir.

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